La crise sanitaire affecte durement notre société, y compris dans les milieux professionnels. C'est ce que confirme une enquête de grande ampleur* menée auprès de salariés et d'employeurs, pour le compte du prestataire de services RH Tempo-Team en collaboration avec la Prof. Dre Anja Van den Broeck, experte en motivation du travail à l’Unité de recherche Work and Organisation Studies de la KU Leuven. Cette étude révèle une régression dans le fonctionnement des travailleurs de Belgique au cours des 12 derniers mois. Les salariés se disent moins heureux et davantage stressés, accusent une baisse du bien-être mental et physique, d'envie et de plaisir au travail. Le fait que le nombre de répondants cherchant activement un nouvel emploi ait doublé en un an n'y est pas étranger.
Une moitié d'entre eux veut un meilleur salaire, mais sous-estime la teneur du travail
Depuis le début de la pandémie, un travailleur sur cinq dit se sentir moins bien ; près de un sur trois accuse davantage de stress et un peu moins d’un sur cinq observe une dégradation des relations entre collègues et de la gestion par la hiérarchie. Beaucoup de salariés de ce pays veulent y remédier en cherchant un nouvel emploi. C'est assez singulier étant donné qu'en général, la mobilité professionnelle diminue en période de crise.
Pourtant, un employeur sur quatre estime que la loyauté de son personnel s'est améliorée depuis l'apparition du nouveau coronavirus. Ils observent toujours une forte pénurie ainsi qu'un grand nombre de postes vacants pour certaines professions, ce qui n'a pas apaisé la guerre des talents.
Le principal argument poussant des salariés à changer d'employeur ou à lui rester fidèles est, d'après leurs dires, le salaire (44 %). Il est suivi par la sécurité d'emploi (32 %) – en période d'incertitude, ce n'est guère une surprise -, la teneur du travail et l'équilibre avec la vie privée (39 % tous les deux). Le tiercé de tête des employeurs est différent : sécurité d'emploi d'abord (36 %), suivie par la teneur des tâches (35 %) et le salaire (30 %). Tant les travailleurs que les employeurs considèrent toutefois que le salaire est le critère le plus déterminant pour exprimer un avis positif sur le travail.
La teneur de l'emploi prime la rémunération
Contrairement à ce que pensent les salariés et les employeurs, l’étude de Prof. Dr. Van den Broeck montre que la meilleure garantie au bon fonctionnement des travailleurs ne provient pas du salaire ni de la sécurité d'emploi, mais de la teneur des tâches qui leur sont assignées.
En effet, la teneur du job impacte quasiment tous les aspects de l'activité professionnelle : engagement, plaisir au travail, bien-être mental et physique, prestations, motivation et rétention (voir tableau en annexe). Ces critères sont plus fréquents que d'autres, comme la sécurité d'emploi, l'équilibre travail/vie privée, les collègues, la hiérarchie, les formations… et le salaire. Celui-ci ne semble avoir d'impact que sur la rétention (c'est-à-dire la fidélité des travailleurs).
"Un emploi captivant s'avère être un élément déterminant dans de nombreux aspects qui rendent le travail attrayant : engagement, prestations, plaisir au travail, motivation et loyauté. Sans oublier une diminution de l'absentéisme. On observe donc une fracture entre d'une part les aspirations des travailleurs et des employeurs (salaires élevés, haute sécurité d'emploi), et d'autre part la réalité sur le terrain (intérêt du travail). L'impact de ce dernier critère est donc injustement sous-estimé par les uns comme par les autres", explique Prof. Dr. Anja Van den Broeck.
Tous optimistes ?
Une autre étonnante conclusion de cette étude est que les travailleurs qui enregistrent les meilleures performances sont aussi les plus optimistes**. Leur état d'esprit est par nature plus positif que chez les pessimistes. Mais les plus grandes différences épinglées par l'étude portent sur la nécessité d'investir davantage dans le bien-être du personnel. Ainsi, les optimistes sont deux fois plus nombreux que les pessimistes (23 % contre 11 %) à qualifier de très bons leur bien-être, leur niveau d'énergie et leur dévouement professionnel. Et ils sont près de trois fois plus nombreux (60 % contre 23 %) à faire preuve d'attitude et de comportement corrects, et à se déclarer impliqués, satisfaits, productifs et collégiaux. Ce sont ces résultats significativement plus élevés concernant le bien-être, l'attitude et le comportement au travail qui caractérisent les salariés optimistes et les distinguent de leurs collègues qui le sont moins.
Les optimistes confirment aussi l'importance de la teneur de l'emploi pour un fonctionnement optimal, car ici encore, ils enregistrent des résultats significativement meilleurs (7,7/10) que leurs collègues plus pessimistes (5,9/10).
"Il s'agit d'investir dans la teneur du job, principal critère pour stimuler l'optimisme des travailleurs et en faire de vrais jobtimistes. Par teneur de l'emploi, il faut comprendre ce que font les travailleurs, mais également comment leur travail est organisé. Il reste beaucoup de pain sur la planche, car un salarié sur cinq déclare que ses tâches ne sont pas assez variées et qu'il s'ennuie souvent. Seulement une moitié des travailleurs estime que son emploi lui donne des opportunités de développement personnel. D'autres facettes, ayant un impact négatif sur l'intérêt du travail, pourraient également être améliorées. Ainsi, plus de un travailleur sur trois estime devoir suivre de nombreuses règles et procédures inutiles. Et près de un sur cinq est confronté à des tracasseries ou brimades. Il y a donc de la marge pour une amélioration. Tempo-Team s'engage activement à faire des travailleurs de vrais optimistes, pour un fonctionnement optimal en milieu professionnel grâce à un teneur de l’emploi intéressant", conclut Sébastien Cosentino, porte-parole de Tempo-Team.
*C'est ce qui ressort d'une enquête menée en ligne en Q4 2020 auprès d'un échantillon de 2506 salariés et 269 employeurs de Belgique, choisis de façon représentative en fonction du régime linguistique, du sexe et de l'âge par le bureau d'études indépendant Indiville pour le compte de Tempo-Team, en collaboration avec Prof. Dr. Anja Van den Broeck (KU Leuven). La marge d'erreur maximale est de 1,86 %. Aux Pays-Bas, 2499 salariés et 402 employeurs ont également été sondés.
**Les optimistes accordent une cote minimale de 8/10 à leur optimisme, contre maximum 5/10 pour les pessimistes. Près de un travailleur interrogé sur quatre (22 %) est pessimiste, 40 % sont optimistes.