Depuis le début de la pandémie, plus de 2 Belges sur 4 (41 %) ont dû intensifier leur rythme de travail, ce qui nuit à l'équilibre avec leur vie privée. La moyenne de 6,9/10 attribuée par l'ensemble des travailleurs belges révèle une satisfaction modérée quant à cet équilibre. Ceux qui parviennent à conjuguer travail et vie privée et à les imbriquer plus étroitement se déclarent plus motivés, plus heureux et plus satisfaits de la teneur de leur emploi, contrairement à ceux pour qui ces deux activités demeurent clairement distinctes. Mais le style de management opéré par l'entreprise n'est pas sans conséquence : 80 % des travailleurs dont le chef inspire confiance et encadre efficacement les tâches sont heureux de leur équilibre entre travail et vie privée, alors que seuls 10 % des autres le sont aussi. Les collaborateurs qui sont satisfaits de leur équilibre travail/vie privée ont aussi donné à leur supérieur hiérarchique respectif un score significativement plus élevé que ceux qui estiment ne pas parvenir à trouver un tel équilibre (7.3/10 vs 5.1/10). C'est ce que révèle une étude menée pour le compte du prestataire de services RH Tempo-Team, en collaboration avec la professeure docteure Anja Van den Broeck, experte en motivation du travail à la KU Leuven.
Mais 1 sur 5 est plus motivé et plus productif depuis que le travail et la vie privée sont plus étroitement imbriqués
Depuis le début de la crise sanitaire, on peut dire que nécessité fait loi. Beaucoup de personnes ont été obligées de travailler plus ou plus dur, ce qui a clairement des conséquences sur l'équilibre entre leur travail et leur vie privée. 35 % des répondants se disent concernés et sont nettement moins satisfaits de cet équilibre que les travailleurs qui n'ont rien changé à leur rythme de travail habituel (52 % dans ce cas). En outre, seul 1 travailleur sur 5 reconnaît que le département RH de son entreprise a observé quels salariés doivent travailler plus ou plus dur à cause de la pandémie. De fait, seuls 15 % des employeurs admettent avoir entrepris cette démarche.
Une moitié des répondants satisfaits de l'équilibre
Globalement, près d'une moitié des travailleurs (43 %) déclarent trouver un équilibre correct entre travail et vie privée. C'est une bonne chose, car ceux qui en sont satisfaits sont également plus productifs (67 % <> 27 %), plus satisfaits de leur travail (65 % <> 14 %) et de la teneur de leur emploi (64 % <> 23 %) que les collègues qui ne parviennent pas à trouver la clé de cet équilibre. En ce qui concerne la motivation, le plaisir ressenti au travail et le bonheur, ils sont également bien mieux lotis (respectivement 62 % <> 17 %,62 % <> 12 % et 61 % <> 14 %).
Pour 1 répondant sur 5, un juste équilibre entre la vie privée et professionnelle demeure un sujet très délicat, qui mérite davantage d'attention de la part des employeurs.
"Ce bon équilibre n'est pas seulement important pour le travailleur, mais aussi pour l'employeur. Il influence en effet la rétention du personnel. Ceux qui s'en disent mécontents sont plus enclins à chercher un autre employeur (30 %) que ceux qui sont satisfaits de cet équilibre (22 %). Bref, on constate que les efforts en faveur de cet équilibre travail/vie privée sont payants", explique la professeure Anja Van den Broeck.
Imbriquer la vie privée et le travail apporte plus de plaisir dans ce dernier
Assez étonnamment, des limites moins strictes entre travail et famille semblent être la clé pour un meilleur équilibre entre ces deux sphères. Elles se chevauchent et s'imbriquent d'ailleurs fortement chez 1 travailleur sur 5. Mais plus de 1 sur 2 (54 %) tient encore à une séparation claire et nette entre la vie privée et professionnelle.
Les travailleurs chez qui cette ligne de démarcation s'estompe se disent souvent plus productifs (57 %) et satisfaits de la teneur de leur emploi (55 %) que leurs collègues qui tiennent à ce que les choses demeurent clairement séparées (43 % et 36 %). Ils sont aussi plus motivés (53 <> 33 %), éprouvent plus de plaisir au travail (50 % <> 33 %) et sont globalement plus heureux (47 % <> 36 %).
Wim Van der Linden, porte-parole de Tempo-Team, tente une explication : "Il faut savoir qu'estomper cette limite entre travail et vie privée n'est pas la solution parfaite pour chacun. Il s'agit chaque fois de préférences individuelles. En fait, tant le patron que les proches du travailleur doivent donner à ce dernier la possibilité de faire mieux coïncider le travail avec la vie privée. Il est important d'établir ensemble de bons accords et éviter de donner l'impression d'être rivé à un poste de travail 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, surtout pour qui travaille à domicile."
Un équilibre meilleur lorsque le manager est aussi un coach
Rechercher cet équilibre n'incombe pas seulement au travailleur lui-même, mais à son employeur aussi. Les travailleurs dont le supérieur hiérarchique accorde confiance (82 %), se soucie du bien-être (66 %) et structure les tâches (44 %) se déclarent plus satisfaits de leur équilibre entre travail et vie privée que ceux dont le patron ne s'occupe guère de ces facettes du travail (respectivement 6 %, 15 % et 25 %).
Les managers qui autorisent un mode de travail hybride, partiellement à domicile et partiellement en entreprise, et qui négocient la nature du travail ont eux aussi un effet positif sur le ressenti de leur personnel. Car celui-ci éprouve une plus grande souplesse quant à son horaire de travail et se dit plus satisfait de l'équilibre avec la vie privée (50 %) que ceux qui sont obligés de venir prester chaque jour leur horaire en entreprise (40 %). En outre, 25 % des travailleurs qui sont satisfaits de l'équilibre entre travail et vie privée reconnaissent que leur employeur est ouvert au dialogue concernant les possibilités et les préférences personnelles.
Mais attention à ne pas aller trop loin. En effet, les salariés ou fonctionnaires qui prestent beaucoup trop d'heures à la maison se déclarent moins satisfaits de leur équilibre travail/vie privée (15 %) que ceux qui prestent trop d'heures, mais au bureau (32 %). De même, ceux qui rentrent avec du boulot à la maison après leur horaire de travail habituel reconnaissent chercher plus fréquemment un nouvel emploi (32 %) que ceux qui prestent des heures supplémentaires dans l'entreprise (18 %). Dès lors, il est bon que ces heures se passent plus souvent au bureau qu'à domicile (28 contre 19 %).
"Si un manager se soucie de l'équilibre travail/vie privée de ses collaborateurs, autant donner lui-même le bon exemple. Si le dirigeant préfère qu'ils ne consultent pas ou ne réagissent pas aux e-mails professionnels lorsqu'ils sont en congé, alors il n'a pas à le faire non plus. Car que ce soit de manière consciente ou inconsciente, les travailleurs reproduisent le comportement de leur chef. Mais il est également important d'établir de bons accords mutuels : c'est une première étape pour que les travailleurs puissent se déconnecter totalement de leur travail lorsqu'ils quittent leur entreprise ou ferment leur ordinateur portable à la maison", conclut Wim Van der Linden.
*C'est ce qui ressort d'une enquête menée en ligne auprès d'un échantillon représentatif de 2589 travailleurs et 505 employeurs en Belgique, choisis représentativement en fonction du régime linguistique, du sexe et de l'âge, avec une marge d'erreur maximale de 1,93 % chez les travailleurs et 4,35 % chez les employeurs. Cette enquête a été menée au 3e trimestre 2021 par un bureau d'études indépendant pour le compte de Tempo-Team, en collaboration avec la professeure docteure Anja Van den Broeck, experte en motivation du travail à la KU Leuven.