Malgré le temps perdu dans les embouteillages, l'impact écologique du trafic automobile et le nombre croissant de personnes autorisées à travailler à domicile, les salariés belges restent massivement fidèles à leur automobile pour gagner leur vie. Seule une minorité est disposée à y renoncer au profit d'une alternative plus écoresponsable. Le chemin vers des déplacements domicile-travail plus propres est encore long. Pour cela, les salariés demandent des investissements dans les transports publics, des équipements cyclistes et des incitants financiers, comme le montre l'enquête réalisée pour le prestataire de services RH Tempo-Team auprès de salariés belges.
Malgré un nombre record de bouchons, la voiture reste en pole position
En raison du problème de densité de circulation actuellement très aigu, Tempo-Team a demandé à analyser les déplacements domicile-travail, pour envisager dans quelle mesure les automobilistes pouvaient envisager des alternatives à la voiture,en vue de diminuer les bouchons et de respecter davantage l'environnement.Il en ressort que l'automobile demeure de très loin le mode de transport le plus populaire pour les déplacements vers le travail : 7 salariés belges sur 10 l'utilisent plusieurs fois par semaine, dont une moitié chaque jour. Le fossé avec les autres modes de transport est énorme : seul un tiers des personnes sondées se rend généralement à pied au travail. Un cinquième des salariés a régulièrement recours aux transports en commun ou au vélo (éventuellement électrique). Les francophones prennent nettement plus souvent le train, le tram, l'autobus ou le métro pour se rendre au travail que les néerlandophones (46 % vs 30 %), mais ces derniers sont bien plus adeptes du vélo (32 % vs 8 %).
La facilité avant le climat
Dans les critères qui déterminent le choix du moyen de transport utilisé, le climat est loin derrière la facilité d'emploi et le confort. Sébastien Cosentino, porte-parole de Tempo-Team, détaille ce constat : Octobre est réputé comme étant le mois qui connaît le plus d'embouteillages. Cette année encore, des records sont battus, avec 2 matinées parmi les plus encombrés de l'année aux heures de pointe**. Malgré la perte de temps et les conséquences pour l'environnement, l'auto reste le moyen de transport le plus utilisé pour se rendre au travail, surtout parce qu'elle bat les transports en commun et la bicyclette au niveau du confort. Le choix du moyen de transport dépend de trois facteurs décisifs : la durée du déplacement, la fiabilité et la souplesse. Or ce sont les avantages classiques d'une voiture. Le confort (37 %) et le coût (27 %) complètent ce classement. En vue d'abandonner leur voiture, les salariés demandent surtout à leur employeur de meilleurs équipements pour les cyclistes ainsi qu'un incitant financier pour se déplacer en deux-roues."
Seul 1 travailleur sur 7 tient compte de l'environnement
Au moment de choisir un mode de transport, seul 1 travailleur sur 7 tient compte de l'impact sur l'environnement. Ceux qui utilisent régulièrement les transports publics ou le vélo le font cependant bien plus souvent pour des considérations environnementales que ceux qui n'utilisent presque jamais, sinon jamais les transports en commun pour rejoindre leur lieu de travail (respectivement 24 % vs 12 % et 35 % vs 9 %).
Moins de 1 automobiliste sur 2 est ouvert à une alternative
L'enquête révèle aussi que pour se rendre au travail, moins de la moitié des automobilistes sont ouverts à un mode de transport alternatif, tel que le train, le tram, l'autobus ou le vélo. Ils se justifient par une mauvaise accessibilité du siège de leur entreprise en transports publics (35 %), des services pas assez souples (24 %) et la nécessité de disposer de la voiture pour des déplacements professionnels (23 %). Chez les automobilistes ouverts à l'idée de se passer plus fréquemment de leur voiture, un quart veut se rendre au travail à vélo, 1 sur 6 choisirait le covoiturage, le partage de véhicules ou les transports en commun. N'utiliser que ceux-ci ou le vélo ne séduit que 5 % des personnes sondées.
Des efforts additionnels de l'employeur peuvent faire une grande différence
Pour résoudre ce problème de mobilité, un rôle important, estiments les travailleurs, revient aux employeurs, comme le révèle l'étude de Tempo-Team. Un cinquième des salariés qui se rendent au travail en voiture annoncent leur intention de l'utiliser moins souvent si leur employeur mettait à leur disposition des vélos de société, s'il accordait une indemnité vélo ou un budget mobilité.
Les patrons en sont manifestement conscients :
- Près de 2 patrons sur 3 estiment qu'il incombe aux entreprises d'œuvrer à une mobilité plus durable et plus écoresponsable.
- La moitié des employeurs propose dès lors une indemnité vélo ou des possibilités de télétravail.
- 1 sur 3 a fait installer des équipements supplémentaires pour cyclistes.
- 1 sur 4 fournit des vélos de société.
- 1 sur 4 veut diminuer le nombre de voitures de société afin de promouvoir des alternatives.
Les grandes entreprises investissent clairement plus souvent dans des solutions de mobilité verte que les PME (82 % contre 67 %). "Les employeurs peuvent également faire la différence dans d'autres domaines, par exemple en accordant une place de stationnement proche de l'entrée aux personnes qui viennent en covoiturage. Ou en autorisant le télétravail : il y a 3 ans, seul 1 patron sur 3 l'autorisait de temps en temps. Maintenant, ils sont déjà 48 %."
Des transports publics plus nombreux et plus fiables ainsi que de meilleures infrastructures cyclables sont nécessaires
Enfin, les salariés belges réclament une amélioration des transports publics et de l'infrastructure pour cyclistes. D'après eux, les autorités publiques doivent surtout investir dans des services de transports en commun plus fiables (36 %), dans la diminution du prix des billets de train, tram et autobus (29 %) ainsi que dans l'augmentation des autoroutes cyclables (24 %).
*C'est ce qui ressort d'une enquête en ligne menée pour le compte de Tempo-Team en septembre 2019 auprès d'un échantillon représentatif de 1050 travailleurs et employeurs par un bureau d'études indépendant. La marge d'erreur maximale de l'enquête est de 2,95 %. L'échantillon est représentatif au niveau de la langue, du sexe, de l'âge et du diplôme.
** : Source : Vlaams Verkeerscentrum