Tu es intérimaire ou fraîchement engagé(e) et tu débarques dans une équipe soudée et fermée? Ou peut-être ne parles-tu pas (encore) très bien le français? Quoi qu’il en soit, tu as du mal à t’intégrer à tes collègues, et cela mine ton plaisir au travail. Comment sortir de cette situation? Une experte te donne ses conseils. 💡
Nous avons interrogé Carla Moors, Career Development Advisor chez RiseSmart. Elle propose des coachings individuels et travaille avec des entreprises sur des sujets comme la diversité, l’inclusion et le bien-être. « Si tu as l’impression d’être mis(e) à l’écart du groupe, prends cette sensation au sérieux. Surtout, garde à l’esprit que ce n’est pas uniquement ta responsabilité: c’est un défi que toi, tes collègues et tes supérieurs partagez », explique-t-elle avant d’ajouter: « Chaque situation est différente. Le harcèlement, la barrière de la langue ou une équipe peu encline à tisser des liens avec des intérimaires sont par exemple trois scénarios très différents. » Certains conseils fonctionnent pourtant toujours: « Essaie de mieux comprendre tes collègues en te mettant à leur place. Peut-être qu’ils sont débordés, en proie à leurs propres incertitudes ou tout simplement attachés à leurs habitudes. Plutôt que de juger trop vite, sois curieux(se) de leur vécu. Et sois patient(e): ça prend du temps de découvrir les points communs et les différences entre les gens. » 🔍
En arrivant dans une équipe existante déjà soudée, tu peux facilement te sentir en retrait. Comment trouver sa place dans l’équipe?
CM: « Je conseillerais plutôt de chercher ta place que de vouloir la conquérir (rires). La méthode douce est toujours la meilleure. Observe d’abord les relations au sein du groupe: comment communique l’équipe? Quel type d’humour utilise-t-elle? Peut-être que certaines remarques te semblent brusques mais ne sont pas destinées à te blesser. Prends le temps de ressentir l’ambiance dans le groupe. Cela ne veut pas dire que tu dois rester en retrait: « Montre de l’intérêt pour tes collègues et l’entreprise. Et n’hésite pas à dévoiler un peu de ta personnalité, mais fais-le progressivement, sans fanfaronner. Tu peux commencer par nouer des contacts avec une collègue qui paraît accessible, par exemple à la machine à café ou pendant la pause de midi. »
Il peut y avoir une barrière linguistique entre les collègues. Comment, dans ce cas-là, apprendre à mieux se connaître?
CM: « L’entreprise a une grande responsabilité à cet égard. Elle doit soutenir son personnel dont la langue maternelle n’est pas celle de l’entreprise, par exemple en apposant des pictogrammes ou en encourageant la communication non verbale. Si tu ne maîtrises pas encore très bien la langue de travail, sois honnête. Tu pourrais être tenté(e) de faire semblant de tout comprendre pour donner une bonne impression... Mais mieux vaut demander des explications ou une traduction à tes collègues. Tu éviteras des erreurs ou des malentendus, et tu apprendras le vocabulaire nécessaire. Note les mots que tu ne comprends pas et utilise des apps ou des listes de vocabulaire pour progresser. De leur côté, tes collègues peuvent t’aider en parlant plus lentement et en évitant le dialecte. Les ‘îlots linguistiques’ dans l’équipe ne sont agréables pour personne, cela vaut donc la peine de faire des efforts. »
Le manque d’intégration dans un groupe, c’est frustrant. Mais le harcèlement, c’est bien pire. Où se situe la limite?
CM: « C’est délicat, car nous n’avons pas tous les mêmes limites. Certaines blagues ou expressions peuvent sembler acceptables pour la majorité de l’équipe, mais blessantes pour une minorité. Je recommande donc à chacun d’examiner son propre ressenti. As-tu l’impression que tes collègues sont insensibles ou que l’équipe est vraiment toxique? Les remarques désobligeantes relèvent-elles d’un manque de sensibilisation ou d’une intention malveillante? Dans ce dernier cas, il est important d’exprimer calmement tes limites et ton ressenti, même si ce n’est pas facile pour tout le monde. Tu peux en parler à ton supérieur, à un collègue en qui tu as confiance ou aux RH. Surtout, garde en tête qu’indiquer tes limites ne fait pas de toi quelqu’un de ‘compliqué’. Ici aussi, la responsabilité est partagée. »
Que faire s’il n’est pas question de malveillance ou de comportement inconvenant, mais simplement que le courant ne passe pas avec l’équipe? Sans sentiment d’appartenance, pas d’ambiance… Est-ce un problème de luxe?
CM: « C’est à chacun de voir. D’une part, tes collègues ne doivent pas forcément devenir tes amis. Certaines personnes préfèrent séparer travail et vie privée. D’autre part, il se peut que cette distance avec tes collègues impacte ton plaisir au travail. N’oublie pas que toi aussi, tu fais partie du groupe. Et si tu partageais plus de positivité, d’humour ou de compliments? Tout le monde peut mettre de l’ambiance. En acceptant vos différences et en vous concentrant sur ce qui vous unit, comme vos objectifs professionnels communs, vous apprendrez peut-être à vous apprécier. Et si malgré tout, la dynamique de l’équipe reste un problème, il peut être utile de discuter des solutions envisageables – un autre rôle ou une autre équipe, peut-être? – avec ton supérieur. »